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La collecte des grains bio coûte cher aux OS

Vingt OS, dont Agribio Union (photo), ont été interrogés par Ceresco dans le cadre d'une étude sur les coûts de collecte en bio pour FranceAgriMer.

Missionné par FranceAgriMer, le cabinet Ceresco a publié une première étude sur les coûts logistiques liés à la collecte de grains bio pour la récolte 2023. Ils sont en moyenne 2,5 à 6 fois supérieurs aux coûts de collecte des grains conventionnels.

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En 2023, le bio représentait 11 % des surfaces en grandes cultures (744 000 ha). Depuis une décennie, l’expansion de ses superficies a conduit à une répartition géographique plus étendue de la collecte, notamment dans les régions au nord de la Loire. Une augmentation de la part des structures mixtes (collectant grains conventionnels et bio) est observée. La hausse progressive de cette collecte s’est appuyée sur des organismes stockeurs historiques, ainsi que sur de nouveaux opérateurs émergents.

En l’absence de données publiques sur le coût de la logistique de la collecte et du stockage des grains bio, FranceAgriMer a missionné le cabinet de conseil Ceresco pour une première étude sur le sujet.

Entre 45 € et 95 € la tonne en 2023

Ceresco s’est appuyé sur 20 diagnostics logistiques auprès de 14 coopératives et 6 négoces (qui ont collecté 56 % de la récolte nationale en 2023) pour réaliser son étude. Celle-ci ne prend en compte que la récolte 2023, année record en termes de volumes collectés.

Carte des OS interrogés dans le cadre de l'étude. (© Ceresco)

Deux catégories d’OS ont été identifiées par le cabinet d’études.

Le premier groupe (nommé A dans le graphe ci-dessous) comprend majoritairement des OS mixtes, situés dans des zones de polyculture-élevage ou céréalières à faible densité de bio, qui commercialisent leurs grains sur des marchés standardisés et principalement à destination de l’alimentation animale (+ 50 %).

Pour ces OS, l’ensemble des coûts logistiques (coûts d’approche + coûts de stockage et de travail du grain + coûts de certification et de plan de contrôle) varie entre 45 et 65 € la tonne. Le premier poste est celui du stockage et travail du grain, évalué à 51 %. En tout, la logistique pèse 10 à 15 % du prix de vente pour une tonne de céréales vendue à 450 €.

Comparaison des coûts de la collecte conventionnelle avec ceux de la collecte biologique pour l'année 2023. (© Ceresco)

Le deuxième groupe (nommé B) contient des OS spécialisés ou mixtes, présents dans les zones de collecte historiques du bio et dont la densité surfacique en parcelles bio est moyenne à élevée. Ces OS commercialisent une grande diversité de cultures, souvent à l’aide de nombreux petits contrats pour l’alimentation humaine (+ 50 %). L’ensemble des coûts logistiques atteint 65 à 95 €/t, soit 12 à 17 % du prix de vente établi en moyenne à 550 €/t.

Pour le groupe B aussi, la partie stockage et travail du grain représente la majorité des coûts (71 %). La différence du simple au double avec le premier groupe s’explique par des coûts plus élevés pour l’amortissement des infrastructures (plus récentes), de l’énergie pour le séchage, des salaires et de la maintenance. Seule la prestation est moins chère, le groupe A y ayant davantage recours en raison d’infrastructures anciennes.

2,5 à 6 fois plus que le conventionnel

En résumé, Ceresco évalue le coût de la collecte globale de grains bio de 2,5 à 6 fois supérieur à celui de la collecte des grains conventionnels. D’après le cabinet, « la logistique des filières grandes cultures biologiques est soumise à des contraintes inhérentes aux systèmes de grandes cultures biologiques et à la place qu’ils occupent dans le paysage des productions et grains en France ».

Ainsi, les rendements inférieurs et plus variables d’une année sur l’autre, la collecte plus dispersée dans l’espace, le profil varié et plus diversifié des espèces, les coûts supérieurs associés aux freintes (part de marchandise perdue par manutention) et au tri, la gestion contrainte des insectes, la part parfois significative de cultures associées, les cahiers des charges diversifiés ou encore les fortes exigences de traçabilités sont à l’origine d’un tel écart de prix.

Un surcoût attendu pour 2024

Ceresco met tout de même en garde sur le côté atypique de la récolte 2023, particulièrement abondante, « ce qui dilue mécaniquement les charges fixes par volumes et sous-estime le coût à la tonne par rapport à une année de collecte plus faible ».

Comparaison des données de coûts issues de l'analyse de l'enquête (récolte 2023) avec une estimation des coûts pour 2024. (© Ceresco)

Pour 2024, où la récolte a fortement baissé (voir graphe), Ceresco anticipe une hausse significative des coûts logistiques : jusqu’à + 30 %.

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